Villa Antoinette
Pays: FRANCE
Type: Habitation
Je profite du retour ces derniers jours de la neige en Ile-de-France pour vous partager l’album et le récit de cette villa francilienne, visitée en février dernier pendant les épisodes neigeux qui ont frappé la région.
Ravagée par un incendie en 2004, qui a emporté une partie du toit et des mansardes, elle est depuis lors désaffectée et abandonnée, oubliée de tous. Pourtant, à l’origine, rien ne laissait présager qu’elle finirait sa vie dans un si triste état…
Bâtie à la fin du XIXe siècle au cœur d’un grand domaine en lisière de forêt, elle présente une architecture extérieure en brique et un somptueux intérieur en pierre de taille, le tout protégé des intempéries par de hautes toitures en ardoise. Pas besoin de plus de détails à son sujet pour comprendre qu’il devait être confortable d’y résider ! Comme beaucoup de propriétés du coin, il s’agissait avant tout d’une résidence secondaire, qui n’était de ce fait pas habitée à l’année.
Historiquement la propriété d’une seule et même famille, son prestige en a pris un coup au début des années 1960 quand elle a été subdivisée en quatre logements distincts. Fini la belle vie ! Désaffectée au début des années 2000 puis victime de l’incendie dévastateur dont je faisais allusion plus haut, elle a par la suite été murée pour prévenir l’intrusion d’éventuels pillards et casseurs.
Ça n’était visiblement pas de trop quand on voit l’état dans lequel elle est aujourd’hui ! Les bosquets et haies qui décoraient autrefois les allées et les parterres ont laissé place à un terrain en friche, miné de gravats et de caillasses qui se sont décrochés des façades. Quelques cordons de plastique, tendus visiblement par la mairie, entourent quant à eux mollement le bâtiment. Aussi décourageants pour un visiteur que ne l’est Hadopi pour un cyberpirate ! On peut heureusement compter sur les murailles de parpaings, qui capitonnent toutes les ouvertures du Rez-de-Chaussée, pour préserver le peu qui reste des intérieurs et décourager toute tentative de dégradation.
Ce qui est plus surprenant en revanche, c’est la présence inopinée de plusieurs voitures au fond du jardin, coincées entre un vieux colombier et un pan de mur, et toutes aussi abandonnées ! Rangés en file indienne comme prêts à partir, quelques best-sellers européens des années 60-80 attendent ici leur nouveau départ.
Une Austin Mini, une Volkswagen Coccinelle, une Simca 1100 et une Renault Supercinq pour vous servir !
Une Estafette Renault bleue marine tout droit sortie des films du Gendarme de Saint-Tropez ou des bandes dessinées de l’Agent 212 bouffe quant à elle la végétation, à côté d’un vieux camion SAVIEM.
Mais le clou du spectacle, c’est la magnifique Jaguar Série 1 littéralement décapitée que l’on découvre perdue entre deux arbres, à côté d’un des murs d’enceinte.
I l’agit de la toute première XJ, celle par qui tout a commencé, celle qui a donné naissance à une lignée de modèles si prestigieux et mythiques qu’ils allaient se vendre dans le monde entier, modèles encore en production aujourd’hui. C’est vous dire l’importance de la bête aux yeux du patrimoine automobile !
Bref tout ceci est bien étrange, et comme d’habitude les interrogations fusent quant aux raisons qui ont pu pousser les derniers habitants à abandonner ici tant de merveilles.Le contraste est en plus saisissant par rapport aux rues pavillonnaires parfaitement entretenues et qui courent de l’autre côté des hautes grilles en fer forgée clôturant la propriété.
Là des maisons occupées, là une villa abandonnée. Là le présent, là le passé. Là la vie, là la mort…