Manicomio Elettrico

Manicomio Elettrico

Pays:   ITALIE

Type:   Asile psychiatrique

Les asiles psychiatriques ont toujours été des lieux baignés de mystère.

Ces centres hospitaliers, qui accueillaient des patients aux pathologies mentales sévères, étaient des lieux isolés, sécurisés et cloisonnés, qui arrachaient à la nature ses montagnes, ses forêts et ses rochers pour y dresser des bâtiments et de hautes clôtures, aux allures lugubres et parfois effrayantes.

Le cinéma, à travers les films Puzzle, Vol au-dessus d’un nid de coucous ou encore Shutter Island, les dépeint d’ailleurs comme des lieux d’enfermement et de souffrance, aux règles sévères et strictes, privatives de liberté.

Cette réputation, bien que légèrement caricaturale est loin d’être injustifiée : certes à l’heure où la psychiatrie n’était pas encore maîtrisée les Etats n’avaient guère d’autres choix que d’isoler les malades du reste de la population, mais ceux qui justifient de telles idées reçues sont les traitements, particulièrement violents et inhumains, dont ces établissements ont été le théâtre des décennies durant.

Histoire de la psychiatrie moderne

C’est à partir des années 20, en Europe comme aux Etats-Unis, que la psychiatrie prend réellement son essor.
Terminés les traitements légers à base d’opium qui étaient en vigueur jusque-là, place à des méthodes plus lourdes :
les « chocs » plutôt que la médecine légère.

Des premiers chocs chimiques à l’essor des chocs électriques 

Le premier traitement que l’on croit efficace pour curer l’aliénation des malades est le « choc chimique » : on injecte de l’insuline puis du Métrazol (un puissant stimulant) dans le corps des patients, pour leur provoquer une crise d’épilepsie volontaire et espérer chasser par là leur schizophrénie. Au-delà des sévères convulsions que cela leur provoque, ces chocs n’ont pour seule conséquence que de provoquer davantage de lésions au cerveau.

Vient l’année 1938 et avec elle l’avènement des électrochocs : on fait mumuse avec l’électricité en faisant passer plusieurs centaines de volts dans le corps des patients, pour tenter d’endommager la partie « malade » du cerveau et éradiquer la névrose.

La lobotomie et la découverte des neuroleptiques
Après la guerre, on reprend ce principe de « destruction du cerveau en guise de traitement médical » avec la lobotomie : on enfonce sans anesthésie un pic métallique à travers la paupière pour atteindre le cerveau et neutraliser les fibres nerveuses défaillantes. Loin de curer efficacement la maladie, ce traitement se révèle très aléatoire, et provoque des lésions si importantes que plus de 25% des lobotomisés se retrouvent végétatifs à vie.

La découverte en 1951 du premier neuroleptique, la chlorpromazine, et sa commercialisation en Europe l’année suivante mettent toutefois progressivement un terme à ces expériences non-concluantes. 

Le déclin et la fin des hôpitaux psychiatriques 

Au fil des années, cet acharnement médical lié au traitement des maladies mentales aura profondément entaché l’image de la médecine et la réputation des médecins (« Ils sont savants mais ils ne savent rien ») et terminé de faire entrer les asiles psychiatriques au Panthéon des lieux tristes et morbides.

Texte: Quentin Pannaud – No Man’s Land-Ubex ©

Cet asile-là (Manicomio en italien), situé en Italie, a été construit dans les années 30, en plein boom du traitement aux électrochocs. Une vingtaine de pavillons, bâtis à la serpe en pleine forêt et éloignés les uns des autres accueillaient quelques 200 patients aux troubles divers : TOC, bipolarité, névrose, schizophrénie.

Comme cela était la norme à l’époque, il a lui-aussi eu recours aux injections de Métrazol et à la pratique des électrochocs comme traitement contre les troubles neurologiques. Tant d’opérations qui ont, pendant des années, fait résonner ses murs de cris, et étreint ses couloirs de peur et de souffrance.

On ignore si la lobotomie y a été exercée, les pratiques de ce genre d’établissements étant rarement connues du reste de la population, ce que l’on sait en revanche c’est que le bâtiment accueillant les visiteurs était situé en dehors de l’enceinte principale, pour préserver les familles des bruits et cacher quelque peu la triste réalité au monde extérieur. Tout un programme !

Ce calvaire prit fin en 1978, quand fut ratifiée en Italie la Loi Basaglia, qui réforma le système psychiatrique du pays et ordonna la fermeture des asiles, au profit de nouvelles structures d’hébergement non-hospitalières, et plus humaines.

Comme beaucoup, il fut utilisé par la suite comme hôpital général, cela jusqu’aux années 90, où il ferma définitivement ses portes et sombra dans l’abandon, dont il est aujourd’hui toujours retenu prisonnier…

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