The Final Cut

The Final Cut

Pays:   BELGIQUE

Type:   Avion

Imaginez. Vous êtes en Belgique, vous partez pour une petite balade dans les bois. Le temps est bon, le ciel est clair, vous vous enfoncez dans la broussaille. Un vent frais vous fouette le visage, l’odeur du bois vous caresse le nez, les branches mortes craquent sous vos pieds. 

Vous marchez, comme ça, dix ou quinze minutes, sans vous retourner. Le terrain évolue, les déclivités se font plus nettes, vous vous échappez des sentiers entretenus. Quelques minutes plus tard, une couleur, peu commune dans un tel environnement, attire votre regard. Un bleu pastel se détache du vert de la végétation, de l’harmonie naturelle qui se détache des lieux.  Vous vous approchez, un pas après l’autre. Une cabane de tôle ? Une épave de voiture ?

La forme est encore dure à discerner. Vous poursuivez votre route, happé par cette silhouette irréelle dans pareil endroit, isolé, silencieux, cerné par les hautes herbes. Elle est de plus en plus proche désormais, plus que quelques pas encore pour parvenir à l’identifier. Alors, verdict ? C’est un foutu avion ! 

Pas un gros hein, un petit zinc de tourisme, le genre que vous louez pour un baptême de l’air le temps d’un week-end, ou pour enfin vous débarrasser de la Smartbox qui traîne sur votre commode depuis des mois. Un Ryan Navion plus exactement, un petit mono moteur construit après la guerre par un constructeur américain confidentiel. Il est là, échoué au sol, dans une fosse presque cachée, invisible des rares chemins de randonnée qui sillonnent le bois. Il bouffe la terre, les vitres explosées, la peinture effritée.

Ses ailes trainent de part et d’autre de la carlingue, et privées à jamais d’altitude.  Le choc a dû être violent, le vacarme de l’impact insoutenable. La tôle s’est pliée sous la coque, les trains ont disparu dans la terre. À bord, plus de sièges ni de plancher, seulement les restes d’un cockpit aux commandes à peine visible. C’est un spectacle désolant, inquiétant ? Et le pilote ? Et les passagers ? 

Après quelques instants à vous improviser commentateur de fait divers, vous respirez un grand coup, la raison revient à vous. Cet avion, vous saviez qu’il était là, c’est même pour ça que vous êtes venu dans cette forêt. Vous saviez ce que vous cherchiez, certes, mais la rencontre fait quand même plaisir : trouvé ! Quant à la raison pour laquelle il s’est retrouvé ici, vous la connaissiez déjà bien avant de mettre les pieds ici : il a été amené là volontairement, en 2017, pour les besoins d’un court-métrage flamand. Pas une scène capitale, 30 secondes à peine d’un faux crash, en pleine nuit, pour un film de 20 minutes. Tout est faux, ou presque.

Il est bien abandonné lui, délaissé et abandonné là depuis la seconde où le réalisateur a prononcé le « Cut » marquant la fin de la scène. Quand on vous dit qu’il ne faut pas croire tout ce que vous lisez sur Internet…

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