Manoir Cruzoé
Pays: FRANCE
Type: Habitation
Visiter un manoir comme celui-là, c’est renouer avec la promesse originelle de l’Urbex
Celle de rouler des centaines de kilomètres jusqu’à destination, de traverser des ornières et des ronces de longues minutes durant (en short bien sûr !), jusqu’à enfin daigner apercevoir la façade du spot recherché, les jambes griffées, la tête chahutée par la pluie, et la peau pleine de piqûres de moustiques qui vous ont élu « Saveur de l’année 2024 » histoire de pimenter un peu le tout.
Mais, outre ces difficultés d’accès, ce manoir aux faux-airs de château est une Urbex digne de ce nom, en cela qu’il est encore excellement bien préservé, éloigné du tumulte des villes et prisonnier d’une cage de verdure que seuls quelques casse-cous daigneraient percer pour venir découvrir ses trésors, à coups de sang et de larmes (le stress et les égratignures auraient sonné moins poétique !).
Les volières, les cages et les clapiers, étranglés par la végétation au beau milieu de ce parc gigantesque, sont d’ailleurs là pour nous le rappeler, au même titre que les réserves de cartouches retrouvées dans les dépendances, ou le cadavre de buse suspendu dans le vestibule de l’entrée.
Sur les vingt ans qui figurent à l’actif de son abandon, tout est encore là, mais les dégradations commises par les pisse-froids qui ont devancé ma visite lui ont quand même fait perdre de sa superbe.
Mais pas de son cachet heureusement, si bien qu’on imagine encore – au milieu de ce foutoir ambiant – comment la vie s’articulait autrefois entre ses murs, et à quoi ressemblait le quotidien de ceux qui eurent la chance, à l’époque, de s’y déclarer chez eux.
Derrière ses pierres fragiles et sa charpente branlante, c’est surtout un joli morceau de France et une belle histoire de famille, qui, tombés dans l’oubli il y a une dizaine d’années, n’intéressent plus personne aujourd’hui. Les animaux, autrefois chassés sur le domaine où séquestrés entre ces murs, auront au moins eu leur revanche.
